Aujourd’hui, une question très importante revient souvent : devez-vous trouver ou devez-vous donner du sens à votre travail ? Gagner sa vie, être utile, s’occuper, apprendre ? Finalement, à quoi sert le travail ? Est-ce que tout cela a un sens, et si oui, lequel ?
Le sens au travail tel qu’il est appréhendé dans notre société est le fruit de l’histoire de notre rapport au travail et de notre héritage socio-culturel. Étymologiquement, le travail est associé à la notion de souffrance et de contrainte. Si l’individu passe le plus clair de son temps à travailler ou à chercher à travailler alors rien d’étonnant à ce qu’il soit en quête de sens dans son travail.
La technologie, première responsable de notre quête de sens
Vous l’entendez à longueur de journées et pourtant c’est vrai, avec la multiplication des informations et l’essor de la technologie, nos vies se sont accélérées. C’est évidemment vrai dans nos vies personnelles mais ce phénomène se reflète aussi dans nos vies professionnelles. À cela, il faut ajouter que la technologie participe à rendre plus fine la limite entre notre vie pro et notre vie perso, chaque jour. Les temps de pause sont de plus en plus rares, nous sommes joignables et disponibles à tout moment, et, finalement on commence à utiliser les mêmes outils pour améliorer notre performance, que ce soit pour être plus productif dans ses journées, améliorer nos relations sociales, adopter une nouvelle routine de sport ou même, commencer un régime. Dans le mélange, ce flou, que l’on appelle blurring (veuillez comprendre, effacement de la frontière entre vie pro et vie perso), la question du sens au travail est devenue assez centrale.
Le travail nous définit
Pendant des centaines voire des milliers d’années, la question du sens au travail ne se posait pas. On travaillait surtout… parce que l’on n’avait pas le choix. On travaillait pour nous, pour nos terres, pour quelqu’un, de manière libre ou forcée. À cette époque où il n’y avait pas moyen d’y échapper, la question du sens au travail n’était pas d’actualité.
Aujourd’hui ce rapport à tendance à changer, chaque jour un peu plus, notre activité, notre travail, nous définit. Lorsque vous êtes amené à rencontrer quelqu’un et que vous lui posez la fameuse question qui débute toute forme de conversion : “Qu’est ce que tu fais dans la vie ?”, il est évident que vous lui demandez quel est son travail.
Aujourd’hui, notre travail nous représente et synthétise donc la fonction que l’on occupe dans la société et finalement, nous définit. Socialement aussi, c’est très souvent par le travail que l’on va exister. Ce qui explique, au-delà du problème financier, la douleur des gens qui peinent à trouver un emploi. Ne pas en avoir, c’est se sentir en marge, se sentir inutile. Un point qui se renforce par la technologie, particulièrement sur les réseaux sociaux qui vont avoir tendance à nous pousser à nous valoriser.
La théorie du “golden circle”
Un collaborateur qui trouve du sens à son travail devient plus engagé, et par conséquent devient plus productif et reste plus fidèle à l’entreprise. Les anglos-saxons ont d’ailleurs développé une vision assez pragmatique de la chose. Ils y voient une amélioration de la productivité, là où les français adoptent une vision plus romantique du sujet. Dans l’un de ses Ted Talks, qui cumule plus de 60 millions de vues, l’auteur Simon Sinek nous explique l’importance du “pourquoi” dans les entreprises. Grâce à sa théorie du “golden circle”, il illustre la raison pour laquelle les entreprises les plus florissantes vous vendent un état d’esprit, plutôt qu’un produit. Les entreprises vous vendent un “pourquoi”, plutôt qu’un “comment”. Et si cette théorie est valable pour les clients, les salariés sont également visés. On le sait tous aujourd’hui : nous changerons de métier et d'entreprise plusieurs fois dans notre vie. Face à cette nécessité de devoir évoluer et se réinventer, la question du sens et de ce qu’on voudrait vraiment faire de notre vie est essentielle. Il ne s’agit pas d’une lubie générationnelle, c’est bien une question d’époque.
Nous avons tous autour de nous, un quadragénaire ou un quinquagénaire qui a décidé de tout lâcher, y compris après de hautes études, pour se lancer dans une toute nouvelle carrière. Bien que le salaire reste important, il n’est aujourd’hui plus une motivation suffisante pour se sentir bien dans son travail.
L’approche que l’on a de son travail est révélatrice
Prenons l’exemple d’un agent d’entretien dans une entreprise classique et analysons ces deux phrases ;
“Je fais l’entretien dans une entreprise.”
“Je permets à des salariés de travailler dans un environnement agréable.”
Nul besoin de vous faire un dessin, une des deux phrases est bien plus inspirante et motivante au quotidien. Alors, oui vous pourrez nous répondre que tout cela, c’est du blabla, que ce n’est que de la communication. Reste que cela change beaucoup dans l’approche de votre travail, dans la vision que les autres ont de vous, y compris votre hiérarchie et dans les moyens qu’ils vont vous donner. Si cet état d’esprit existe dans l’entreprise, de haut en bas, on ne va plus voir les salariés comme de simples exécutants mais comme des acteurs majeurs de la réussite auxquels il faut donner les moyens de réussir leur mission.
Alors plutôt que d’essayer de donner du sens au travail, de force, à base de grandes phrases inspirantes et d’ambiance faussement “cool”, les entreprises doivent créer les conditions et les espaces pour que chacun puisse trouver son propre sens.